Intelligence artificielle en Tunisie
La Tunisie a lancé des travaux en vue de l’élaboration d’une stratégie
nationale d'IA visant à «garantir un lieu respectable» et à permettre «un
développement durable et équitable sans oublier les enjeux éthiques et les défis
posés par cette technologie émergente». Le secrétaire d'État à la Recherche
tunisien a créé un groupe de travail ayant pour mission de superviser le projet
et un comité directeur pour définir une véritable stratégie. Le processus a été
lancé par un événement organisé en avril 2018, intitulé «Stratégie nationale
d'IA: libérer le potentiel de la Tunisie», organisé par la Chaire UNESCO sur la
politique de la science, de la technologie et de l'innovation et l'Agence
nationale pour la promotion de la recherche scientifique (ANPR).
L'intelligence artificielle (IA) n'est pas seulement là pour rester, mais
elle sera l'un des principaux moteurs de transformation du changement et du
développement de la quatrième révolution industrielle (4RI). En effet,
l'intelligence artificielle sera un déconstructeur majeur du modèle de
développement canonique vieillissant et un artisan d'un nouveau monde. Dans ce
contexte, le président russe Vladimir Poutine a déclaré que "Celui qui deviendra
le leader dans ce domaine [AI] deviendra le dirigeant du monde".
La course internationale à l'intelligence artificielle est lancée. Elle est
menée par les États-Unis et la Chine et suivie par le Japon, le Royaume-Uni et
l'Allemagne. Les autres pays suivent chacun en fonction de son état de
préparation à l'IA, de ses capacités et de son engagement politique. Comme
l’entrevoit le président russe, le vainqueur de la course à l'IA dirigera le
monde, mais si les suiveurs auront probablement leur mot à dire, les nations
retardataires seront au mieux reléguées au rang de consommateurs de l’IA des
autres.
Dans ce contexte concurrentiel et incertain, la Tunisie tente de se joindre à
la course à l'IA pour s'assurer une place respectable et un rôle proactif à la
mesure de ses capacités, de ses ambitions et de sa vision de l'IA en tant
que secteur à forte intensité de connaissance et levier de développement durable
et équitable et les défis posés par cette technologie émergente.
Pour concevoir sa stratégie nationale d'IA, le secrétaire d'État à la
Recherche Tunisien a créé un groupe de travail chargé de superviser le projet et
un comité directeur chargé d'élaborer une méthodologie et un plan d'action
permettant d'élaborer cette stratégie.
La Tunisie doit choisir un positionnement pertinent pour identifier les
activités liées à l’IA sur lesquelles elle a des chances de devenir leader,
conseille Raphaël Richard, directeur
de 24pm (autour d'un cours en ligne sur
l’intelligence artificielle). Je pense à trois segments sur lesquels la Tunisie
est déjà présente, qui représentent un défi technologique abordable pour un
petit pays comme la Tunisie et qui nécessite des volumes de données relativement
faibles.
L’intelligence artificielle pour être entraînée a besoin qu’on lui
fournissent des quantités de données assez importante, bien structurées et bien
étiquetée. Ce dernier travail consommateur en temps peut être sous-traité par
les pays européens à la Tunisie qui possède une main d’œuvre suffisamment
qualifiée pour cela
La Tunisie est déjà présente sur la sous-traitance de comptabilité pour le
compte de société français et compte des comptables bien formés, mais aussi des
ingénieurs. Attendu que les experts prévoient le remplacement de milliers
d’emplois de comptables par des logiciels d’IA, il y a une véritable opportunité
Les sociétés tunisiennes ont intérêt à copier des sociétés français pionnières
comme LEC, un expert-comptable en
ligne, qui ont développé des systèmes de comptabilité en ligne et ont
commencé à y intégrer des briques d’intelligence artificielle. La Tunisie peut
rapidement prendre une position de leader sur cette niche
Lintelligence artificielle a déjà commencé à permettre à des milliers
d’agriculture de consommer moins d’eau, d’engrais et d’une façon générale de
ressources à rendements constants. Il y a une vraie opportunité pour la
Tunisie à développer des systèmes intelligents qu’elle pourrait exporter dans le
cadre d’accords de transferts de technologie vers les autres pays africains
Le développement des chatbots va rapidement représenter une concurrence
importante pour les nombreux call center hébergés en Tunisie. La Tunisie peut
préserver sa part de marché en proposant des offres couplées Call center
humain-Chatbots si elle parvient à proposer des chatbots déjà entraînés pour
répondre aux besoins d’acteurs d’un secteur d’activité donné. Pour cela, la
Tunisie doit se spécialiser sur les chatbots compétents sur quatre ou cinq
domaines.
Pour lancer ce processus national, la Chaire UNESCO sur la politique de la
science, de la technologie et de l'innovation, en partenariat avec l'Agence
nationale pour la promotion de la recherche scientifique (ANPR), organisera un
atelier intitulé « Stratégie nationale d'IA: libérer le potentiel de la
Tunisie». L’événement doit permettre de partager et de discuter du cadre, de la
méthodologie et du plan d’action proposés par le comité directeur pour
l’élaboration de la stratégie. L'événement aura lieu le 20 août à 15h00, dans
l'amphithéâtre Mokhtar Latiri, ENIT.
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